jeudi 11 mai 2017

Le piège de l’élection

Parfois, il vaut mieux rester silencieux quelque temps au moment des élections. Quand la situation est telle que toute prise de position entraîne une confusion, un malentendu.
Beaucoup, et j’en suis, se sont sentis pris dans un piège, un peu comme si tout l’horizon, ou même toute espérance, avait été bouchée par l’échéance électorale.
Quoique nous fassions, quoique nous disions, nous étions prisonniers.
Heureux ceux qui avaient les idées claires, heureux ceux qui croyaient à leur vote.

Est-ce qu’une démocratie véritable, est-ce que la politique se résume à 5 minutes dans un isoloir tous les 5 ans, alors qu’il nous était rappelé journellement que le destin de la France s’y jouait irrémédiablement ?
Le destin d’un pays tout entier peut-il être décidé en quelques secondes à travers des petits papiers où deux noms apparaissent, dont un largement inconnu il y a à peine une année ?
Est-ce être un citoyen actif que de se satisfaire de cet ersatz de démocratie ?
Est-ce démocratique que de devoir remettre son destin et celui de son pays à une femme ou à un homme providentiel. Il n’est pas de sauveur suprême, nous dit la chanson.

Le choix pour un très grand nombre ne pouvait être qu’une négation. Un refus. Voilà le piège de l’élection : être le petit poisson dans un filet, Chaque geste, chaque mouvement nous enferme encore un peu plus et nous emporte vers la disparition.
Alors pour un grand nombre d’entre nous, le mieux était de ne pas bouger, de ne pas se rendre dans les urnes. Ou bien d’y mettre un bulletin blanc ou nul.

Il ne faut pas oublier que la démocratie est une affirmation.
L’affirmation d’un autre monde pour lequel on s’engage. La démocratie c’est le débat, l’échange réciproque de tous avec tous.
L’affirmation démocratique ne peut se satisfaire d’un système électoral où il suffit de se rendre seul à échéances régulières dans un endroit particulier, afin d’y remettre son propre pouvoir sans garantie. L’isoloir est souvent le lieu de la démission démocratique.

Heureux et naïfs aussi sont ceux qui ont cru affirmer quelque chose à travers leur vote.
La plupart a voté par défaut et c’est comme si cette élection leur avait été volée.
Peut-on continuer ainsi et vivre en permanence dans le refus ? Jamais un refus ne pourra affirmer quelque chose. La négation porte la négation.
  • Le refus d’un régime autoritaire fondé sur l’exclusion, le repli, la fermeture, la peur et parfois même la haine de l’autre.
  • Le refus d’une mondialisation telle qu’elle se révèle actuellement : libérale, sauvage, violente pour le plus grand nombre, où l’individualisme règne et où le seul critère de réussite pour l’humanité est l’enrichissement personnel. Un monde contemporain qui laisse sur le bord du chemin des milliers et des milliers d’individus.

Pour ceux qui ne veulent ni d’un monde haineux et replié sur lui-même, ni d’un monde dominé par l’argent et l’individualisme, aucune voie nouvelle ne leur était proposée.
Le système démocratique en vigueur a montré au cours des dernières semaines ses limites. Il est rare dans l’histoire que des élections accouchent d’un véritable changement.
Ceux qui ont affirmé et voulu quelque chose de positif dans ces élections risquent d’être à nouveau déçus dans les années à venir.

François Baudin

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