vendredi 17 mars 2017

80 morts sous les ordures en Ethiopie


Ces êtres humains ne sont pas morts sous les coups d’un attentat, suite à un acte terroriste commis par on ne sait quel groupe fanatique et meurtrier. Attentat que l’humanité tout entière condamne le cœur sur la main et que les Grandes puissances combattent ou font semblant de combattre. Attentats dont en Occident on nous rebat les oreilles alors que la responsabilité historique déterminante de cette situation délétère se trouve ici, dans nos pays riches.

Non il s’agit plus simplement de femmes, et surtout d’enfants vivants sur une immense décharge africaine dans la banlieue d’Addis-Abeba. Cette montagne de déchets s’appelle « Koshe » ce qui signifie « saleté »  dans la langue locale. Ces gens, et ils sont des milliers, vivent dans une région qu’on appelle « saleté ». Et « Saleté » n’est pas le meilleur des mondes.

Que s’est-il passé à « Saleté » cette semaine ? Dans la soirée du 11 mars, une gigantesque avalanche d’ordures dévale comme d’une montagne qui s’écroule sur elle-même, sur les gens qui habitent là toute l’année pour tenter de survivre.
Ces gens trouvent sur les pentes de « Koshe » leur fortune, de quoi manger, s’habiller, dormir, même y faire leur toilette. De quoi rester un être humain et persévérer dans son existence.

Vies ordinaires pour un grand nombre d’Africains. Vies ordinaires pour des millions et des millions d’êtres humains. Vies qui ne comptent pas, ou alors pas beaucoup. On pourrait écrire qui ne comptent pour rien. Qui ne n’existent pas dans les décomptes du PIB mondial. Qui ne servent à rien. Des hommes qui n’ont pas les moyens de consommer, doivent-ils exister alors qu’ils ne contribuent en rien à la croissance mondialisée ?
D’ailleurs on a très peu parlé de cette catastrophe, à peine 10 secondes dans les médias occidentaux.
C’est un accident, un fait divers. Rien à voir avec la politique, la stratégie militaire, la reprise par les armes de zones qu’on ne contrôle plus. Non rien de tel.

Il s’est passé quelque chose à Addis-Abeba qui ne signifie rien pour le monde.
D’ailleurs le monde tel qu’il va, tel qu’il est et tel qu’il continue d’aller peut très bien sa passer de ces gens, qui sont comme en trop sur la planète.
Ont-ils même le droit de vivre ? On peut en douter en observant la manière de les traiter.
Ces Africains d’Addis-Abeba sont ce qu’on avait nommé les Damnés de la terre. Ceux qui n’ont rien, juste leur vie. En France un presque ancien président de la République les avait nommé les sans-dents, on peut aussi les appeler les sans papier, les sans travail, les sans abris, les sans le sou, les sans éducation, les sans quelque chose. En France ils vivent à Calais, dans ce qu’on appelle une jungle, donc dans un lieu qui n’est déjà plus humain, ou bien ils vivent dans les zones périphériques de nos villes, dans des campements où même survivre est difficile.

Notre humanité produit aujourd’hui massivement des hommes qui vivent sur nos déchets. Une humanité à qui on ne reconnaît même pas le droit de vivre.

Alors soudain je me souviens de ce couplet du chant de l’International composé par un Communard de 1871 : « Nous ne sommes rien soyons tout ». Voilà ce que chantaient ceux qui croyaient en un monde nouveau, de justice. Un monde fraternel où le mot égalité devait revêtir tout son sens.

Une dernière question : pourquoi ceux qui n’ont rien doivent-ils être ceux qui méritent toute notre attention ?
Parce que justement ils sont la figure générique de l’humanité, à qui on refuse le minimum de droit. Parce qu’ils n’ayant aucun privilège, aucune propriété, aucun avantage, ils ne peuvent représenter qu’eux mêmes, leur humanité. Si l’idée des droits de l’homme a un sens, c’est là qu’elle doit être trouvée, et entendue.
François Baudin


1 commentaire:

  1. quand fera t on quelque chose !!!!Vies ordinaires pour un grand nombre d’Africains. Vies ordinaires pour des millions et des millions d’êtres humains. Vies qui ne comptent pas, ou alors pas beaucoup. On pourrait écrire qui ne comptent pour rien. Qui ne n’existent pas dans les décomptes du PIB mondial. Qui ne servent à rien. Des hommes qui n’ont pas les moyens de consommer, doivent-ils exister alors qu’ils ne contribuent en rien à la croissance mondialisée ?

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