mardi 20 décembre 2016



Pékin
L’air irrespirable de ce monde
La domination/ soumission : notre lot commun
La consommation/ divertissement : soupir de la créature opprimée
Noël dans quelques jours annonce-t-il notre libération ?
C’est au cœur de la nuit que l’espérance se fait jour

FBA

vendredi 16 décembre 2016

Alep symbole de la tragédie du monde


Cette semaine les informations en provenance d’Alep sont insupportables. Aucun homme ne peut accepter ce qui s’y passe : corps morts d’enfants, de femmes, de vieillards au milieu des ruines, longues files d’hommes hagards portant quelques maigres bagages, fuyant un enfer de chaque instant. Bombardements continuels tuant jours et nuits, sans distinction, combattants et civils.
On sait depuis toujours que le Régime de Damas est prêt à tout, prêt à commettre les pires crimes pour rester en place. Il le montre chaque jour et depuis toujours.
Plus rien dans ces ghettos assiégés ne doit rester debout, ni vivant. Jusqu’à ce qu’un silence de mort y règne. La machine de guerre en marche depuis des années atteint son paroxysme. L’impensable se réalise.
Face à cette guerre, les citoyens que nous sommes crient leur indignation, leur répulsion.

Pourquoi le reste du monde ne peut-il rien faire pour sauver les vies, pour régler ce conflit qui dure depuis si longtemps ?
Au début de la guerre, en 2012 et 2013, je me souviens, le clan Assad, pressentant la fin de son règne, voulait négocier une paix lui permettant de sauver son Régime. La communauté internationale, c’est-à-dire principalement la France, l’Europe et les Etats-Unis, refusèrent absolument toute forme de négociation avec ce régime de dictature, alors que de multiples associations pacifistes, connaissant bien la situation en Syrie, réclamaient une paix négociée avec le Régime en place. Pour ces associations internationales la seule solution était la négociation. Je pense principalement à la communauté Sant’egidio.

Mais les grandes puissances ont refusé absolument toute négociation avec Damas. Elles ne voulaient pas en entendre parler, pensant vaincre militairement le dictateur. Notre ministre de l’époque, Laurent Fabius était parmi les plus va-t-en guerre au monde. Les grandes puissances occidentales en lien avec le pouvoir dictatorial d’Arabie saoudite, étaient les faiseuses de guerre. Elles ont armé les terroristes islamistes qui éliminèrent en premier lieu les forces démocratiques syriennes. Les démocrates Syriens sont maintenant quasi inexistants. Les forces démocratiques syriennes ont été décimées par la famille Assad, avant les printemps arabes avec la complicité des pays occidentaux, puis lorsque l’Arabie saoudite est entrée en guerre contre le Régime syrien, ce furent les islamistes qui terminèrent le travail.

Aujourd’hui depuis l’entrée de la Russie aux côtés d’Assad, cette même communauté internationale, réunie autour des Etats-Unis et de la France, n’a plus du tout la maîtrise de la situation, alors qu’en 2012 et 2013, elle pensait vaincre et chasser Assad par une guerre totale. La situation s’est renversée. Le rapport de force a changé de camp.
Poutine ne défend que les intérêts de la Russie, comme la France et les Etats-Unis ne défendaient que les leurs. Dans cette affaire, les peuples n’ont rien à gagner, au contraire : pour eux ces guerres, ces conflits d’intérêts ne pourront se solder que par la mort. Pour les populations, rien ne change, et les réfugiés par millions quittent les zones de combats quand ils n’y meurent pas.

Dans ces conditions, la responsabilité de la communauté internationale, France en tête, est immense : En Syrie, c’est une longue liste d’erreurs qui un jour devront être rappelées, analysées.
Être le terrain de jeu des grandes puissances ne peut mener qu’à la ruine des Etats et des peuples qui y vivent.

Jamais les grandes puissances n’ont œuvré en faveur de la paix et des droits de l’homme, qui ne sont la plupart du temps que des prétextes pour maintenir leur propre puissance, leur domination. Les nations ont toujours raisonné en terme d’avantages, de rapports de force et d’intérêts à sauver ou à conquérir.
Tant que les relations internationales seront fondées sur les puissances et les intérêts, il y aura la guerre. La tragédie actuelle du monde se situe exactement là.
Cette tragédie qu’Alep aujourd’hui symbolise, se solde par la désolation, la ruine et la mort.

Soit l’homme accepte d’être dominé par la puissance avec toutes les conséquences dramatiques, soit l’homme dit non à ce monde et s’engage pour un autre monde. Jamais les armes n’arriveront à régler un conflit entre des intérêts. La victoire d’un camp alimentera toujours une guerre future. 

François Baudin

jeudi 8 décembre 2016

Réflexions sur Alep assiégée



Réflexions sur Alep assiégée.
Le martyre des populations civiles assiégées à Alep en Syrie rejoint à travers l’histoire Stalingrad, Varsovie, Guernica, Gaza et bien d’autres villes qui résonnent dans nos mémoires comme un long cri que l’homme adresse à son frère pour qu’il vienne à son secours.

Mais que peut-on faire ?

Le réveil des peuples qu’on a appelé Printemps arabe voulait mettre à bas les dictatures soutenues depuis toujours par les grandes puissances. Les mouvements populaires en 2011 et 2012 qui ont rassemblé sur les places et dans les rues des millions de personnes enthousiasmées par un autre monde possible, ont produit au fil des années l’inverse de ce que les peuples souhaitaient. L’aspiration à plus d’égalité, de liberté, de démocratie s’est transformée par la manipulation de certains en fanatisme religieux, fascismes à formes multiples, crimes commis contre les peuples, retour des anciennes dictatures.
Des guerres continuelles ont divisé ces pays devenus la proie de criminels, la proie de puissances régionales qui considèrent ces territoires où tout Etat a disparu comme leur aire de jeu. Dans ces territoires devenus des friches où le droit a disparu, l’ombre des grandes puissances plus que jamais présentes, continue de planer telle une menace venant assombrir tout horizon de paix
La guerre dans cette partie du monde n’a pas cessé depuis l’invasion illégale de l’Iraq en 2003 par les Etats-Unis, semant la mort, la famine, la dislocation de régions entières, la disparition de peuples historiques qui vivaient dans ces régions depuis des millénaires. L’histoire récente du Moyen-Orient symbolise à elle seule l’histoire du monde où la guerre n’a jamais été éradiquée.

Aucune solution de paix n’apparaît. Les forces en présence dans ces conflits sont sans cesse réalimentées par d’autres forces qui viennent rajouter de la guerre à la guerre.

Alors que faire ? Notre sentiment d’impuissance est si grand, que la lassitude risque de s’emparer des meilleures volontés.

Pourtant à l’issue du second conflit mondial en 1945, les anciens belligérants ont décidé de ne plus jamais revoir de telles désolations. Ils ont eu pour projet collectif d’instaurer une paix perpétuelle, au moins en préparer les conditions en créant l’Organisation des Nations Unies (ONU) dont le but premier était de maintenir la paix, régler préventivement les conflits, privilégier la négociation collective, instaurer une législation internationale fondée sur le droit et la souveraineté des peuples.

Les grandes puissances victorieuses en 1945 ont voulu par-dessus tout conserver et même augmenter leur influence. Il était hors de question que les peuples puissent se gouverner eux-mêmes ; les puissances ont tout fait pour continuer de se partager le monde et le dominer.

La création du Conseil de Sécurité de l’ONU avait cet unique objectif : non pas agir préventivement contre les conflits, mais maintenir les grandes puissances en place, conserver leurs intérêts. Le bilan historique du Conseil de sécurité est terrible : jamais aucun conflit n’a pu trouver une solution juste grâce à son action. Au contraire. Citons l’exemple du  peuple palestinien qui a toujours vu ses aspirations légitimes niées. Aujourd’hui à Alep en Syrie, c’est le Conseil de Sécurité des Nations Unis qui bloque toute solution de paix.
Le droit international ne pourra jamais être mis en œuvre sous l’égide d’un Conseil restreint et ne représentant que les intérêts des grandes puissances.
Il est urgent de réformer l’Organisation des Nations Unies, de dissoudre ce Conseil de sécurité, responsable de la situation actuelle du monde, et donner la direction des affaires internationales à l’Assemblée Générale des Nations Unies qui doit représenter l’ensemble des peuples de la planète.


François Baudin

vendredi 2 décembre 2016

Vanitas vanitatum homo


L’homme est dans l’erreur lorsqu’il se croit indispensable, lorsqu’il se considère comme l’éternel faiseur de miracles, comme celui qui maîtrise la destinée de populations entières, lorsqu’il se voit l’exception, l’élu, quelque chose d’incomparable, le grand réformateur, celui grâce à qui tout va changer, l’unique, le sauveur suprême ; celui qui nomme son histoire personnelle, l’histoire universelle. Vanitas vanitatum homo.
La décision jeudi dernier de François Hollande de renoncer à renouveler son mandat présidentiel, est probablement la plus grande des décisions que cet homme n’ait jamais prise.
Même si le président Hollande ne pouvait guère faire autrement, car sans soutien dans son propre camp, et surtout sans celui des Français sondés et resondés qui ne veulent plus voir cet homme à la tête du pays, tenir les manettes de nos destinées.
Rarement un homme a été aussi impopulaire.
Le Président était littéralement dans une impasse : il ne pouvait plus rien faire, chaque décision pouvait se transformer en catastrophe.

Réduit à l’impuissance, il ne pouvait aussi plus rien promettre.

L’élection est basée sur une promesse le plus souvent non tenue. Comment était-il possible qu’un homme, qui ne pouvait plus rien promettre, puisse à nouveau se présenter au suffrage des Français ? Pourquoi un nouveau mandat ? Pour quoi faire et avec qui ?
Il ne pouvait plus rien promettre, car aucune de ses promesses précédentes n’avait été tenue. Mais est-ce le sort des promesses électorales ne pas être tenues ? Le sort des hommes politiques n’est-il pas de trahir ?
Mais même pour ceux qui n’avaient pas attendu grand-chose de l’élection de Hollande en 2012, il y a eu une grande déception. Hollande faisait le plus souvent l’inverse de ce pour quoi il avait été élu.

Jeudi soir, tout le monde a jugé le président digne, ému, humain. Pour une fois il est devenu ce qu’il nous avait promis il y a cinq ans : être un homme normal.
Nous l’avons écouté avec un peu de pitié : celle qui nous dit qu’on ne tire pas sur un homme blessé.
Il n’y aura pas d’hallali pour Hollande, et c’est tant mieux. Au moins il aura évité cette indignité.

Alors dès jeudi, l’espoir d’autre chose est revenu dans les esprits de beaucoup. Une page est tournée, et soudain pour un grand nombre l’horizon s’est dégagé.

Méfions-nous maintenant des discours, des promesses, des sauveurs suprêmes. Les promesses au cours des semaines à venir, nous allons en entendre quotidiennement !
Le système démocratique fondé sur l’élection de nos représentants remplit une fonction essentielle : celle de nous demander de démissionner de nos propres responsabilités et de notre souveraineté, et de nous en remettre à un homme providentiel le temps d’un mandat sans contrôle démocratique et sans obligation de faire ce qui a été promis.
Aujourd’hui la démocratie telle qu’elle est mise en œuvre est une démocratie de basse intensité.
L’élection du Président de la République au suffrage universel direct est tout à fait insuffisante pour qu’on puisse dire que nous vivons dans une vraie démocratie.

Ensemble, nous devons créer des institutions collectives et associatives permettant de participer aux décisions, de contrôler les élus et de les obliger à réaliser les programmes promis.
Aujourd’hui la démocratie reste encore à inventer.
François Baudin